S’entraîner pour combattre la dépression
Le sentiment après un entraînement est quasi indescriptible.
Il doit sûrement t’être déjà arrivé de ne pas avoir envie d’aller t’entraîner.
On regarde l’heure, on essaie de se trouver un empêchement. Mais on décide d’y aller quand même.
Je ne sais pas si tu es comme moi, mais ce sont mes meilleurs work out!
Autant avant de m’entraîner et de suer je ne voulais rien savoir de bouger, autant après je flottais sur un nuage. Littéralement.
L’entraînement fait du bien à notre corps, c’est vrai. C’est vérifié.
Mais il fait aussi du bien à la partie non physique de notre être: notre esprit.
Ça aussi, c’est vérifié, mais c’est un peu moins connu.
Quelques notions de base
D’abord, il est important de savoir ce qu’est la dépression.
Il s’agit d’un «état mental caractérisé par un fléchissement du tonus neuropsychique, se manifestant par la lassitude, la fatigabilité, le découragement et la tendance au pessimisme et s’accompagnant quelque fois d’anxiété. La dépression peut constituer la forme insipience de la mélancolie» (OQLF, 1989).
Il y a aussi la dysthymie, qui est moins connue, mais tout aussi répandue.
La dysthymie est un «état de tristesse chronique ne satisfaisant pas les critères nécessaires pour diagnostiquer une dépression majeure. Ces symptômes se font ressentir la majorité du temps sur une période d’au moins deux ans. (IUSMM, 2017).
Le terme «dysthymie» vient du grec dusthumia (dus-, «mauvais» + thumos, «humeur») qui signifie «mélancolie».
La dépression et la dysthymie peuvent avoir des causes similaires associées à des facteurs biologiques, génétiques ou environnementaux.
L’activité physique et l’esprit
Une étude britannique avance que les personnes qui font de l’activité physique présentaient moins de symptômes de dépression que leurs pairs sédentaires.
Et ces derniers voyaient leurs symptômes diminuer s’ils se mettaient à faire de l’exercice.
Les chercheurs affirment que de faire trois séances d’activité physique par semaine diminue les risques de dépression de 19%.
Les symptômes sont temporairement réduits tout de suite après l’exercice.
Les bénéfices continus qui perdurent sont perceptibles dans les semaines ou les mois qui suivent l’ajout d’activité physique à l’horaire des personnes.
C’est ce que je voulais décrire dans l’introduction: lorsqu’on est dépressif, on perd le goût de faire des choses. Même des choses que l’on aime.
Après une séance d’entraînement, on se sent mieux. Après plusieurs séances, on a le sentiment que notre vie va mieux.
Comme si les petits sentiments de bienêtre s’accumulaient.
C’est le rapport de force que l’activité physique nous donne face à la dépression ou la dysthymie.
Mais de plus en plus d’études vont dans ce sens depuis plusieurs années.
Les psychologues, les psychiatres et les autres intervenants en santé mentale recommandent, voire prescrivent, à leurs patients de faire de l’activité physique.
Endorphines
«Chez les adeptes de l'activité physique énergique comme les joggeurs, le fait suivant est bien connu: au bout de 15 à 30 minutes d'effort soutenu, l'esprit atteint un état légèrement euphorique où les pensées sont spontanément positives et même créatives. Le phénomène est attribuable à des hormones appelées endorphines qui sont libérées dans l'organisme pendant l'effort» (Passeport Santé, 2017).
Une endorphine est une «substance morphinomimétique produite dans l’hypophyse humaine et possédant une puissante activité agoniste de la morphine» (OQLF, 1990).
Les endorphines (contraction des termes «endogène» et «morphine») sécrétées lors de la pratique d’activité physique auraient donc le même effet que la morphine, c’est-à-dire d’inhiber la sensation de douleur. Et lorsque qu’on ne ressent pas de douleur, on peut ressentir du plaisir.
«Dans un chapitre où il explique l'effet des endorphines, le Dr David Servan-Schreiber affirme que ce phénomène ne s'émousse pas avec le temps: "Plus le mécanisme naturel du plaisir est stimulé [de cette façon], plus il semble devenir sensible. Et les gens qui font régulièrement de l'exercice tirent plus de plaisir des petites choses de la vie: de leurs amis, de leur chat, des repas, de leurs lectures, du sourire d'un passant dans la rue."» (Passeport Santé, 2017).
Conclusion
Bien sûr, l’entraînement ne fait pas de miracle. Ce n’est pas encore considéré comme un traitement à proprement dit.
Les cas de dépression grave ne peuvent pas être réglés uniquement en faisant du sport. Pas encore.
Mais ça peut donner un coup de pouce vers la guérison. Une aide.
Un peu comme de la supplémentation, mais pour l’esprit celle-là.
C’est une raison de plus pour s’entraîner.
L’entraînement, c’est comme l’amour. Quand c’est pour les bonnes raisons, ça donne des ailes.
Bon entraînement.
Références:
www.oqlf.gouv.qc.ca
www.passeportsante.net
www.iusmm.ca
http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/e/espace-numerique-detail.php?art_id=38183&num=86
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15626549
Servan-Schreiber David. Guérir Le Stress, L'anxiété Et La Dépression Sans Médicaments Ni Psychanalyse. Robert Laffont, France, 2003, p. 178.
Babyak M, Blumenthal JA, Et Al. Exercise Treatment For Major Depression: Maintenance Of Therapeutic Benefit At 10 Months. Psychosom Med. 2000 Sep-Oct;62(5):633-8
Kirby S. The Positive Effect Of Exercise As A Therapy For Clinical Depression. Nurs Times. 2005 Mar 29-Apr 4;101(13):28-9. Review.
Broocks A. Physical Training In The Treatment Of Psychological Disorders. Bundesgesundheitsblatt Gesundheitsforschung Gesundheitsschutz. 2005 Aug;48(8):914-21. Review.
Guszkowska M. Effects Of Exercise On Anxiety, Depression And Mood. Psychiatr Pol. 2004 Jul-Aug;38(4):611-20. Review.
Photo by Lucy Dunne on Unsplash